Paris - Pour Donald Trump, l'accord de Paris sur le climat permettrait d'économiser seulement 0,2°C de réchauffement, une évaluation réfutée par les experts qui insistent sur les bénéfices de ce pacte pour la planète, y compris pour les États-Unis .

 

Quelle température attendre?

"Si toutes les nations appliquaient l'accord de Paris, cela réduirait seulement la température mondiale de 0,2°C d'ici 2100! Une quantité minuscule, minuscule!", a assuré le président américain le 1er juin, en annonçant le désengagement de son pays.

Faux! rétorquent les chercheurs.

{{carousel name="yI"W"/}}Le monde se dirige vers des températures de +4°C environ en 2100 par rapport à avant la Révolution industrielle. Les promesses de réductions de gaz à effet de serre présentées à Paris par chaque pays ramènent cette hausse à quelque 3°C. Soit environ 1°C en moins, selon les chercheurs -- l'idée étant de renforcer cette ambition au fil des ans.

Dès l'annonce du retrait américain de l'Accord de Paris, des chercheurs du Massachussetts Institute of Technology (cité comme source par la Maison Blanche) se sont empressés de souligner dans un communiqué que leurs travaux aboutissaient à 0,9°C, pas 0,2.

Car le moindre dixième de degré compte. A +1°C aujourd'hui, le réchauffement se ressent déjà: sécheresses, inondations, perte de récifs coralliens...

Quant à l'impact du départ américain, selon l'Organisation météorologique mondiale, il ferait, lui, gagner 0,3°C à la planète d'ici 2100, si aucune ville ou entreprise américaine ne compensait l'inaction fédérale (ce qui est improbable).

 

Quid des financements?

"Le Fonds vert (de l'ONU) sur le climat coûte une fortune aux États-Unis", a déploré le locataire de la Maison blanche. "Nous allons devoir payer (...) potentiellement des dizaines de milliards" au Fonds vert.

Pour l'ex-président de la COP21 Laurent Fabius, l'Américain a dit "n'importe quoi" en parlant d'un Fonds à 100 mds.

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En fait, le Fonds vert est doté de 10 mds de dollars, dont trois ont été promis par les États-Unis - qui n'en ont finalement versé qu'un seul.

Reste que la question du financement de l'action climatique est la préoccupation majeure de nombreux experts après ce retrait américain, car les engagements financiers sont un élément clé de l'accord de Paris en permettant aux pays du Sud de se développer avec des énergies propres.

A Paris, les pays du Nord leur ont promis 100 mds annuels à partir de 2020 via différents canaux.  "Le problème du financement sera très compliqué à régler. Il faudra compenser", a dit M. Fabius.

En attendant, la Chine creuse son sillon, et son influence, en contribuant de plus en plus aux financements climat Sud-Sud.

Quant au soutien de la diplomatie du climat, les États-Unis finançaient à hauteur de 4 M USD (23%) le secrétariat de la Convention climat. La Fondation Bloomberg Philanthropies a proposé d'apporter 15 M.

 

Effet domino ou électrochoc ?

Avec ce retrait, il faut aussi "craindre un effet boule de neige, au moment où il faudrait relever l'ambition", s'alarme, comme beaucoup d'autres, le climatologue Jean Jouzel, qui pense notamment à la Russie.

"Cette annonce risque de marquer un coup d'arrêt. Or chaque année compte".

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Car pour rester sous la limite de 2°C fixée à Paris, il faudrait laisser dans le sol 80% des réserves d'énergie fossile (charbon, gaz, pétrole). Au rythme actuel de la consommation mondiale, il faudrait arrêter dans 20 ans cette exploitation.

"Bientôt il faudra réduire les émissions globales de 5% par an", poursuit M. Jouzel. On en est loin.

Depuis trois ans, les émissions de GES dues aux énergies fossiles stagnent, mais surtout grâce à la Chine (faussement accusée jeudi par Donald Trump de bénéficier d'une différence de traitement dans l'accord de Paris).

En revanche, les émissions de l'Inde croissent, et d'autres pays émergents pourraient suivre.

Pour autant, les défenseurs du climat veulent croire, au terme de cette semaine, que le monde va "se serrer les coudes", que cette crise sera "utile et mobilisatrice".

"L'accord de Paris est né du multilatéralisme, de l'envie de trouver une solution de coopération à un problème mondial," a commenté l'ex-secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, pour qui "aucun pays seul ne peut le démanteler".

Par Catherine Hours

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