Bruxelles - L'UE a emboîté le pas à Londres le 29 janvier en ouvrant aussi partiellement sa porte à Huawei pour développer la 5G, défiant ainsi les Américains qui accusent l'équipementier télécoms chinois d'espionnage au profit de Pékin.

Ce dernier s'est aussitôt félicité de la décision des Européens, se réjouissant de leur approche "objective et basée sur les faits" concernant la sécurité de la 5G.

Washington, qui fait pression sur ses alliés pour exclure Huawei, a réussi à convaincre l'Australie et le Japon, mais l'UE résiste, bien qu'elle subisse la menace d'une guerre commerciale avec les Etats-Unis.

"Nous, en Europe, on accepte tout le monde mais on a des règles, ces règles sont claires, exigeantes", a déclaré le Commissaire européen à l'Industrie Thierry Breton, en présentant un série de mesures destinées à prévenir des risques d'espionnage ou de sabotage des réseaux 5G.

Cette "boîte à outils", élaborée par tous les Etats membres de l'Union en collaboration avec la Commission européenne, contient des recommandations, qui ne sont toutefois pas contraignantes.

Il est par exemple fortement conseillé qu'un opérateur ne dépende pas d'un seul équipementier. En effet, en cas de problème, tout le réseau serait menacé et, en plus, s'il y avait une intrusion massive, tout le courant d'une ville pourrait sauter ou une administration être bloquée.

Les opérateurs télécoms sont aussi appelés à exclure de zones sensibles (comme des endroits abritant une activité militaire ou une centrale nucléaire) des fournisseurs à risque.

Ces derniers sont notamment définis comme étant ceux qui dépendent fortement d'un Etat ou qu'un Etat puisse obliger à divulguer les données de ses clients. Une description qui correspond parfaitement à Huawei, même si, dans toute la communication de l'UE, aucun nom de fournisseur n'est mentionné spécifiquement.

Numéro deux sur le marché des smartphones, le chinois s'est imposé dans le développement de l'internet mobile ultra-rapide 5G face à ses rivaux suédois Ericsson, finlandais Nokia et sud-coréen Samsung.

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Evolution de la vitesse et des caractéristiques des différentes générations de réseaux mobiles 

- Pris en étau -

Dans un entretien mardi au quotidien belge l'Echo, Walter Ji, patron de Huawei Europe, jugeait "impossible" que son entreprise soit exclue de l'UE.

"Nous avons tissé des liens forts et posé des fondations solides avec nos partenaires technologiques locaux. (...) Cela n'arrivera pas", avait-il prédit.

Même si M. Breton répète à l'envi que l'"Europe n'est pas en retard sur la 5G", il paraît difficile pour l'UE de se passer de Huawei: sur le plan industriel, il dispose d'une avance technologique sur ses concurrents et il est déjà présent dans de nombreux pays.

C'est d'ailleurs ce qu'a expliqué mardi le gouvernement britannique pour se justifier: Londres a décidé d'intégrer Huawei aux déploiements de la 5G, tout en le maintenant éloigné des équipements les plus risqués, en particulier le "coeur de réseau" depuis lequel tout est piloté.

Alors qu'il s'apprête à quitter l'UE vendredi, le Royaume-Uni avait jusqu'ici travaillé avec les autres pays européens à l'élaboration de la "boîte à outils".

Pour M. Breton, il semble évident que les Britanniques auront un "système totalement compatible en matière de sécurité sur les données avec celui des Européens".

Malgré cette unité de façade au niveau européen, les pays de l'UE ne sont pas tous sur la même longueur d'onde. Ils sont en outre pris en étau entre les Etats-Unis et la Chine, deux partenaires commerciaux importants.

En Allemagne, si la chancelière Angela Merkel plaide pour laisser la porte ouverte à Huawei, son partenaire de coalition social-démocrate est contre.

Côté français, si une loi prévoit de renforcer le contrôle des équipements de réseaux avant leur installation afin de garantir leur sécurité, aucune disposition ne cible spécifiquement le groupe chinois.

En Espagne, Italie, Pologne ou Grèce notamment, il est déjà prévu que les opérateurs utilisent Huawei dans leurs déploiements, aux côtés d'Ericsson et Nokia.

Quant à la Hongrie, maillon essentiel des "nouvelles routes de la soie" voulues par Pékin, elle a déjà grand ouvert ses portes à la firme chinoise.

Céline Le Prioux

 

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