Paris - Confrontés à la brutalité de la pandémie de coronavirus, qui a fait près de deux millions de morts en un an, les croyants orthodoxes, juifs, chrétiens, sikhs ou musulmans cherchent dans la prière le réconfort et l'espoir.

Souvent privés de leurs lieux de culte et de rassemblements en ces temps de douleur et de deuil, ils se tournent vers le Ciel, le clergé et les officiants.

8WQ7VW-1.jpg

Un couple de pèlerins avec son bébé avance à genoux vers la basilique de Notre Dame de Guadelupe à Mexico pendant l'épidémie de Covid-19. Photo: Claudio Cruz/AFP

Sur un trottoir de Mexico, Enriqueta Romero entretient avec soin un petit sanctuaire dédié à Notre-Dame de la Sainte Mort. Dans la vitrine clinquante trône un squelette voilé d'or, entouré de statuettes de pacotille et de nombreuses bougies: ce petit autel est l'un des ultimes espaces de prière offert en ville. Pas tout à fait raccord avec le Vatican, mais célébré avec ferveur.

"Il y a beaucoup de gens en dehors des églises qui demandent à Dieu de ne pas nous oublier, de faire disparaître cette maladie... Il y a beaucoup de besoins", fait valoir Enriqueta.

"C'est grâce à elle que je suis ici, à cause de la santé qu'elle m'assure, à moi et à mes enfants. Elle ne nous laisse pas au chômage, elle est toujours là pour nous", témoigne Gabriela Rangel, une vendeuse de rue venue chercher protection auprès de la Sainte Mort.

Distanciation sociale, interdiction des rassemblements, confinement, partout et tous cultes confondus, les règles sanitaires ont profondément bouleversé les fidèles.

 

Improviser

Dans la communauté israélienne ultra-orthodoxe à Bnei Brak près de Tel Aviv, "la routine comprend trois prières quotidiennes, observées par dix fidèles au minimum" rappelle le Rabin Nechemia Bluestein. "Il nous a fallu improviser".

En cas de deuil, "on voit de nouveaux comportements, jamais vus auparavant; les gens ne se rendent plus visite, mais téléphonent, ou envoient une lettre de condoléances... Les gens en deuil doivent se débrouiller et c'est très difficile", témoigne-t-il.

8YN4A3-1.jpg

Des Juifs ultra-orthodoxes étudients, protégés par des panneaux en plastique, dans une synagogue de Bnei Brak près de Tel Aviv. Photo: Jack Guez/AFP

Loin de là, à Belgrade, dans l'Eglise Saint-Sava, le diacre orthodoxe Mladen Kovacevic, suppose néanmoins que le deuil est "plus facile à accepter pour un croyant qui trouvera dans sa foi confort et apaisement".

"Un prêtre peut faire beaucoup pour ses ouailles", estime Mladen Kovasevic. L'Eglise orthodoxe a perdu son patriarche serbe Irinej du Covid-19 l'an dernier, puis celle du Monténegro a perdu le sien, infecté lors des funérailles grandioses du premier...

8VN4U6-1.jpg

Amfilohije Radović, métropolite du Montenegro, et Irinej, patriarche de l'Eglise orthodixe serbe, tous deux décédés du Covid-19. Photos: Savo Prelevic/AFP

L'absence de contacts a modifié la mission du Père Patrice Sonnier, Vicaire épiscopal de la Pastorale des Funérailles pour le diocèse de Paris: "On est beaucoup plus sensible à l'accueil, à l'accompagnement des familles dans cette période de confinement" assure-t-il.

Pouvoir continuer de fréquenter un lieu de culte est essentiel selon lui: les "personnes qui sont accueillies dans un lieu déterminé d'église savent très bien qu'il y a une communauté de croyants qui prie pour eux". L'humanité passe alors avant les textes.

Le soutien, l'entraide, Gurpreet Singh Anand, président du temple sikh Central Gurdwara de Londres y insiste tout autant. "Nous prenons beaucoup de temps pour parler aux gens, pour les assurer que le gurdwara est là. Pour eux, pouvoir venir et simplement visiter le temple est très important".

 

Sérénité

La légendaire sagesse des religions asiatiques ne se dément pas en ces temps difficiles. En Thaïlande, Pakawat Jityomnant, fidèle bouddhiste, a réduit les funérailles de son père à "un jour et une nuit", faute d'assistance. Mais, "à la fin, c'est peut-être juste le destin. Quelqu'un peut vivre. Quelqu'un doit mourir" avec le virus. "Et nous ne savons toujours pas ce qui va se passer ni combien de personnes vont mourir ici".

"J'aimerais que les bouddhistes aient l'esprit tranquille, ne soient pas inquiets ou stressés (par ce virus). Tout le monde doit mourir", appuie le prêtre Thawornthammanusit, dans le temple de Bang Peng Tai.

8YQ6JP-1.jpg

Le moine Reikou Sasaki (centre) prie dans le temple Zojoji à Tokyo. Photo: Behrouz Mahri/AFP

Pour les croyants, la religion est plus que jamais facteur d'apaisement, vante à Tokyo, le moine Reikou Sasaki, du temple Zojoji: "Nous tentons de garder la sérénité d'esprit en faisant face au Bouddha et en ressentant son esprit miséricordieux".

Sur les rives du Gange, à Hardiwar, en Inde, où se célèbre ce mois-ci le festival Kumb Mela, ils sont des milliers dans l'aube bleutée à braver sur les marches du fleuve la menace d'une contamination pour s'offrir un "bain royal".

"Dieu prendra soin des peurs liées à la pandémie. Les humains font leur devoir, et dieu fait les siens.", avance avec fatalisme Sanjay, venu de New Delhi, la capitale.

 {
 "excerpt": "Confrontés à la brutalité de la pandémie de coronavirus, les croyants orthodoxes, juifs, chrétiens, sikhs ou musulmans cherchent dans la prière le réconfort et l'espoir",
 "creationDate": "2021-01-19",
 "permalink": "https://ednh.news/fr/face-a-la-pandemie-les-croyants-sen-remettent-plus-que-jamais-a-dieu/",
 "language": "fr",
 "categories": "Coronavirus|Santé",
 "media": "",
 "imageFeatured": "https://ednh.news/wp-content/uploads/2021/01/8YB8KX-1.jpg",
 "status": "publish",
 "authorId": "6",
 "author": "afp"
}