Paris - Les murs et clôtures, comme celle que la Pologne construit à sa frontière avec le Bélarus, se sont multipliés ces dernières années aux confins d'une Union européenne angoissée par les flux migratoires.

Voici un tour d'horizon des murs anti-migrants érigés ces dernières années aux frontières de l'UE.

- Frontière gréco-turque -

Trois ans avant l'afflux massif de demandeurs d'asile en 2015, principalement par la mer, la Grèce avait édifié dès 2012 une barrière barbelée d'une hauteur de 2,5 à 3 mètres à sa frontière terrestre avec la Turquie, alors l'un des points de passage les plus empruntés par les migrants.

Cette double clôture métallique court sur 11 kilomètres, dans la portion de la frontière où le fleuve Evros (nord-ouest), qui constitue ailleurs un obstacle naturel, entre en territoire turc.

L'amélioration des relations entre les deux pays et l'élimination des mines terrestres le long de leur frontière (200 km) avaient eu pour effet de faire de la Grèce le premier point d'entrée migratoire en Europe, au moment où son économie s'effondrait.

En 2020, Athènes a investi dans un nouvel arsenal anti-migration comprenant une clôture en acier de 40 kilomètres et de plus de cinq mètres de haut, des caméras et un radar.

- Entre la Bulgarie et la Turquie -

Mi-2014, une clôture barbelée de 30 km a été érigée par les autorités bulgares le long de la frontière avec la Turquie (longue de 259 km), principal point d'entrée terrestre des migrants lorsqu'ils contournent la périlleuse voie maritime via la Méditerranée.

La frontière est désormais clôturée sur près de 240 kilomètres.

- En Hongrie, à la frontière serbe et croate -

En 2015, l'afflux de plus d'un million de personnes fuyant guerre et misère va accélérer la construction de murs sur leur chemin.

En Hongrie, l'un des principaux pays de transit, le gouvernement conservateur de Viktor Orban érige en septembre 2015 une clôture barbelée de quatre mètres de haut sur les 175 km de sa frontière avec la Serbie, avant d'en construire une autre, d'environ 120 km, à la frontière croate.

- Entre la Slovénie et la Croatie -

Dans la foulée, la Slovénie, membre de l'UE et de l'espace Schengen, pose des barbelés sur quelque 190 km du tracé frontalier avec la Croatie, également membre de l'UE mais pas de Schengen. En 2021, le gouvernement a annoncé la construction de 50 kilomètres de clôture supplémentaires.

Depuis quelques années, Ljubljana a entrepris de remplacer les barbelés par un grillage dans les secteurs touristiques et à l'abord des localités.

- Entre Macédoine du Nord et Grèce -

En novembre 2015, la Macédoine du Nord, qui est candidate à l'adhésion à l'UE, entame la construction d'une clôture métallique à la frontière avec la Grèce.

D'une hauteur de 2,5 mètres et rehaussé de fil barbelé, un premier tronçon se situe au niveau de Gevgelija (sud-est) près du village grec d'Idomeni, alors principal point d'entrée franchi quotidiennement par plusieurs milliers de migrants.

Un deuxième tronçon est édifié à proximité du poste frontalier de Medzitlija (sud-ouest), puis un troisième près du lac de Dojran (sud-est).

La longueur totale de la clôture est désormais de 32,2 km.

- Entre l'Autriche et la Slovénie -

L'Autriche a entrepris en décembre 2015 la construction d'une barrière sur une section de sa frontière avec la Slovénie: c'est une première dans l'espace Schengen, au sein duquel la circulation est normalement libre.

D'une hauteur de plus de 2 mètres, cette clôture en treillis métallique couvre environ quatre kilomètres au niveau du poste-frontière de Spielfeld (sud). La barrière, aujourd'hui envahie par la végétation, présente toutefois de nombreuses brèches pour permettre le passage des agriculteurs, randonneurs et animaux, selon des médias.

- France et Royaume-Uni à Calais -

La France a achevé en décembre 2016 la construction à Calais (nord), le long de l'axe routier menant au port, d'un mur destiné à empêcher les migrants de monter clandestinement dans des camions pour tenter de passer en Grande-Bretagne.

Ce mur de quatre mètres de haut et d'un kilomètre de long prolonge des dizaines de kilomètres de grillages déjà installés sur la rocade. Financés par Londres (2,7 millions d'euros), les travaux avaient débuté en septembre, avant le démantèlement d'un gigantesque camp de migrants, appelé "la Jungle", plus grand bidonville de France dans lequel vivaient plusieurs milliers de personnes.

Face à ce verrouillage du port et d'Eurotunnel, la plupart des migrants tentent désormais la traversée sur des petits bateaux.

- Espagne: enclaves de Ceuta et Melilla -

Les clôtures dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla sur la côte marocaine sont plus anciennes. Ces seules portes d'accès terrestre à l'Europe pour les candidats à l'immigration venus d'Afrique noire et du Maghreb sont entourées de barrières grillagées d'une longueur d'une dizaine de kilomètres chacune, installées à partir des années 1990.

A Melilla, les clôtures comptent par endroits des barbelés et lames tranchantes, en dépit des dénonciations d'ONG.

Par Florence de Marignan