Pristina (Kosovo) - Ancien chef de la rébellion, puis dirigeant politique kosovar Hashim Thaçi, inculpé de crimes de guerre pendant le conflit des années 1990 contre les forces serbes, comparaît lundi pour la première fois devant un tribunal spécial à La Haye.

Voici quelques éléments sur le conflit de 1998-1999 qui conduisit le Kosovo sur la voie de l'indépendance, soutenue par l'Occident mais jamais acceptée par la Serbie et ses alliés russe et chinois.

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Hashim Thaçi

- L'avant-guerre -

Dans l'ex-Yougoslavie, le Kosovo était une province de Serbie, l'une des six Républiques de la Fédération.

Mais cette région à grande majorité albanaise bénéficiait d'un statut autonome spécial qui lui conférait le droit de former son gouvernement, et d'être représentée au gouvernement fédéral et à la présidence.

La province avait aussi le contrôle de l'éducation, la justice et la police.

En mars 1989, à la veille de l'éclatement sanglant de la Yougoslavie, Slobodan Milosevic, alors président de la Serbie, a révoqué l'autonomie du Kosovo.

Cette décision a donné lieu à des manifestations monstres de la population albanaise à Pristina et à des affrontements avec la police qui firent 24 morts, dont deux policiers.

- Résistance non violente -

Les Albanais kosovars refusant leur allégeance au régime de Milosevic perdirent leur emploi dans les écoles, hôpitaux, médias, la police ou les forces de sécurité.

Le chef de l'Union des écrivains du Kosovo, Ibrahim Rugova, lança alors un mouvement de résistance pacifique avec la création de structures d'Etat parallèles.

Il fonda un gouvernement de l'ombre qui fournit pendant la quasi-totalité des années 1990 des services essentiels au domicile des gens (éducation, santé), financés essentiellement par la diaspora.

- Le début de la guerre -

En 1997, naquit une guérilla séparatiste, l'UCK, reprochant au mouvement non violent d'être inefficace.

En mars 1998, Belgrade lance sa première offensive contre l'UCK dans la région centrale de Drenica, l'un des principaux bastions des indépendantistes.

Après plusieurs heures de siège, les forces armées serbes attaquèrent les maisons où était retranché le commandant Adem Jashari dans le village de Prekaz. Environ 80 Albanais, dont une vingtaine de femmes et d'enfants, furent tués par les forces serbes. La moitié des victimes appartenaient à la famille Jashari.

Ce massacre est considéré comme marquant le début de la guerre.

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Les guerres des Balkans

- Atrocités -

Environ 13.000 personnes furent tuées, dont 11.000 Albanais, pour la plupart des civils. Il y eut de nombreux cas de torture. Des centaines de milliers de civils furent également déplacés.

Belgrade a tenté de dissimuler les crimes de guerre en jetant des milliers de dépouilles dans des fosses communes, dont certaines en Serbie.

Après la chute de Slobodan Milosevic en 2000, les corps de plusieurs centaines d'Albanais furent retrouvés dans des fosses communes près de Belgrade, des dizaines d'autres dépouilles dans une base des forces spéciales de la police dans l'Est de la Serbie et près d'un lac dans l'Ouest du pays.

Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de la Haye a condamné pour crimes de guerre durant le conflit l'ex-vice Premier ministre Nikola Sainovic à 18 ans de réclusion. Cinq haut gradés de la police et de l'armée furent également condamnés.

- Les crimes de l'UCK -

Aucun dirigeant de la guérilla kosovare n'a été condamné par le TPIY.

Mais des guérilleros sont accusés de l'enlèvement et de la disparition d'au moins 500 civils, pour la plupart des Serbes et des Roms et des Albanais considérés comme des opposants, selon un rapport du Conseil de l'Europe de 2011.

Créé en 2015, le tribunal spécial enquête sur les crimes présumés des leaders de l'UCK, dont plusieurs obtinrent des postes élevés après-guerre.

Financé par l'Union européenne et composé de juges internationaux, ce tribunal est une instance de droit kosovar, installée à La Haye par souci de protection des témoins.

- La fin de la guerre -

Le répression contre des civils albanais déclencha une campagne de bombardements de l'Otan qui contraignit l'homme fort de Belgrade à ordonner le retrait des troupes serbes.

Le Kosovo fut placé sous administration de l'ONU. En 2008, l'ancienne province serbe déclarait unilatéralement son indépendance avec le soutien des Etats-Unis et de la plupart des pays occidentaux. Ce que n'a jamais accepté Belgrade.

 

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