Bruxelles - Les conditions exigées par la Hongrie pour accepter un embargo sur le pétrole russe rendent peu probable un accord rapide des Vingt-Sept et paralysent leur volonté de tarir le financement de la guerre menée par Vladimir Poutine en Ukraine.

Le chef de la diplomatie européenne, l'Espagnol Josep Borrell, reste cependant convaincu que cet accord sera trouvé.

"Nous avons besoin de cet accord, et nous l'aurons", a-t-il assuré le 13 mai  après une réunion du G7 en Allemagne.

"S'il n'y a pas d'accord au niveau des ambassadeurs, je donnerai une nouvelle impulsion politique lundi lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles", a-t-il annoncé.

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La Hongrie refuse pour l'instant ce sixième paquet de sanctions proposé par Ursula von der Leyen, faute de garanties sur le maintien de son approvisionnement.

"Nous avons dit à la présidente de la Commission que sa proposition nous créé un problème et que nous ne pouvons pas l'accepter, à moins qu'elle nous offre une solution", a souligné le chef de la diplomatie hongroise Peter Szijjarto, dans un entretien au quotidien espagnol El Pais.

Le premier ministre Viktor Orban l'a expliqué à Ursula von der Leyen lors de leur diner de travail le 9 mai à Budapest et lors de son entretien avec le président français Emmanuel Macron, dont le pays préside le Conseil de l'UE.

La Commission travaille à des "solutions concrètes", ont assuré ses porte-parole.

Pays enclavé, sans accès à la mer, la Hongrie dépend du pétrole acheminé de Russie par l'oléoduc Droujba.

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La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le Premier ministre hongrois Viktor Orban, après l'issue de leur rencontre, le 9 mai 2022 à Budapest
AFP/Attila Kisbenedek

Le gouvernement hongrois demande une dérogation d'au moins quatre années avant de se couper de la Russie et près de 800 millions d'euros en financements européens pour adapter ses raffineries et augmenter la capacité de l’oléoduc Adria qui vient de Croatie, a indiqué Peter Szijjarto.

La Slovaquie, la République tchèque, la Bulgarie et même la Croatie, très réservées à l'égard d'un embargo, se cachent derrière la Hongrie, selon un responsable européen.

La sanction doit être graduelle avec un arrêt des importations de brut dans les six mois et des produits raffinés d'ici à fin 2022.

Une dérogation de deux années proposée à la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque est jugée insuffisante par Budapest et les négociations menées depuis dix jours n'ont toujours pas abouti.

Mais l'idée de scinder le sixième paquet qui comprend également des sanctions pour le secteur bancaire et l'inscription de nouvelles personnalités sur la liste noire de l'UE est rejetée, ont assuré le 13 mai  deux diplomates européens.

Des sanctions sans embargo sur le pétrole russe seraient une rupture de l'unité de l'UE, a jugé le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba.

- "Pas confiance dans l'UE" -

La Hongrie suggère d'exclure les livraisons par oléoduc. Elles représentent une faible partie des achats européens: 0,7 million de barils par jour sur 2,8 millions.

Mais ce renoncement est également refusé car "cela remettrait en cause l'unité et la solidarité des 27 dans le partage du fardeau de l'embargo", a argumenté un autre diplomate européen.

"Viktor Orban veut des garanties sur les financements européens et sur la sécurité des approvisionnements pour pouvoir dire aux Hongrois: ne vous inquiétez pas", a-t-il souligné.

Le dirigeant hongrois redoute un renchérissement de la facture pétrolière, car il pourrait ne plus pouvoir plafonner le prix des carburants, comme il le fait depuis novembre 2021.

"Le problème est qu'il n'a aucune confiance dans le système européen et ses institutions", déplore-t-il. La Hongrie refuse pour cette raison de renoncer à l'unanimité des décisions.

"On est dans le dur des sanctions. Il faut du temps pour trouver des solutions et ce n'est pas évident", a-t-il reconnu. Les dirigeants européens pourraient être amenés à trancher lors de leur sommet fin mai.

La réunion des ministres des Affaires étrangères le 16 mai ne sera pas décisionnelle, ont averti plusieurs délégations.

Malgré sa proximité avec Vladimir Poutine, Viktor Orban a jusqu'à présent avalisé toutes les sanctions européennes contre la Russie et versé sa part au fonds pour les achats d'armements de l'UE en faveur de l'Ukraine.

Par Christian Spillmann

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