Bruxelles - Tout juste investi dans ses fonctions, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a, pour sa première visite à l'Otan, réitéré le 27 avril l'une des antiennes les plus chères à Donald Trump : exiger des Alliés, l'Allemagne en particulier, qu'ils mettent la main à la poche.

Un message encore répété en parallèle à Washington par Donald Trump lui-même. "L'Otan est fantastique, mais elle aide plus l'Europe qu'elle ne nous aide", a déclaré le président américain.

Le nouveau patron de la diplomatie américaine, à la réputation de "faucon", a rencontré ses homologues de l'Otan quelques heures seulement après avoir prêté serment. Il a fait bonne impression et apaisé les craintes d'un abandon de la double voie poursuivie face à la Russie, mêlant dissuasion militaire et diplomatie.

Comme prévu, M. Pompeo a jugé "essentiel" que ses partenaires respectent leurs engagements en matière de dépenses, visant nommément l'Allemagne.

"Mike Pompeo a évidement insisté sur la nécessité d'un partage du fardeau (pour les dépenses), mais il l'a fait sans aucune agressivité. Au contraire, il s'est montré attentif, à l'écoute et a participé à l'intégralité des discussions", a expliqué à l'AFP le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn.

Quelques heures plus tard Donald Trump enfonçait le clou. "Les autres pays devraient payer plus. Je ne parle pas que de l'Allemagne. Les autres pays devraient payer plus. Nous protégeons l'Europe et cependant nous payons bien plus que tout le monde", a-t-il affirmé.

Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas, pourtant mis à l'épreuve par son homologue américain sur les dépenses de défense, a lui aussi souligné la manière de faire de Mike Pompeo. "Je pense qu'il sait ce qu'il veut. Mais tout cela a été discuté ici de manière très constructive", a-t-il commenté.

"Il s'est montré beaucoup plus conciliant par rapport à ce qu'une ou deux personnes attendaient de lui ici. C'était un bon début aujourd'hui", a estimé M. Maas.

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Les pays membres de l'OTAN 

Certains ministres européens redoutaient un raidissement face à Moscou. Ces craintes ont été dissipées. "L'Otan va poursuivre avec la Russie l'approche en deux volets", a confirmé son secrétaire général Jens Stoltenberg.

"Nous devons faire preuve de fermeté (vis-à-vis de la Russie) et montrer une unité forte, tout en laissant la porte ouverte au dialogue", a-t-il plaidé.

Partage du fardeau

Le principal message adressé par Mike Pompeo fut donc sans surprise : Donald Trump martèle depuis les premières heures de sa campagne électorale en vue de la dernière présidentielle que les autres membres de l'Alliance atlantique doivent augmenter leurs dépenses militaires afin de réduire la participation de son plus gros contributeur, Washington.

Certains alliés, notamment l'Allemagne et la Belgique, sont loin de l'engagement pris par les membres de l'Otan en septembre 2014 d'allouer 2% de leur PIB à la défense.

Mike Pompeo l'a dit sans ambages. "Non", l'Allemagne ne fait pas assez pour respecter ses engagements, a-t-il répondu à un journaliste allemand pendant sa conférence de presse. "Il est essentiel que les alliés de l'Otan respectent leurs engagements en matière de dépenses militaires, a-t-il insisté.

Ces propos résonnaient d'autant plus fortement qu'Angela Merkel était reçue par Donald Trump à Washington ce même vendredi.

"Je salue les progrès réalisés par l'Allemagne, mais elle doit faire davantage", a renchéri Jens Stoltenberg.

"Six pays de l'Otan le font, neuf autres ont présenté des plans crédibles pour s'y conformer et il est temps pour les 13 autres membres de l'Alliance de se mettre à niveau, particulièrement pour l'Allemagne, le membre européen de l'Otan le plus grand et le plus riche", avait déjà prévenu un haut responsable américain, ajoutant que Berlin ne prévoit d'augmenter ses dépenses militaires que jusqu'à 1,25% de son PIB d'ici à 2021.

Dégel coréen

Washington explique la nécessité d'augmenter les dépenses en brandissant la menace constituée par la Russie, "un facteur déstabilisant en Ukraine, en Géorgie et en Syrie", selon le haut responsable américain.

Ex-militaire âgé de 54 ans, à la tête depuis janvier 2017 de l'agence de renseignement la plus puissante du monde, Mike Pompeo peut compter sur le ferme soutien de Donald Trump, qui l'a qualifié jeudi d'"atout exceptionnel" pour les Etats-Unis à un "moment critique".

Il avait été dépêché dès fin mars pour une rencontre un temps tenue secrète avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, afin de préparer le terrain avant le sommet inédit prévu pour d'ici à début juin avec le président américain.

Les capacités en matière diplomatique de Mike Pompeo seront rapidement mises à l'épreuve avec la décision attendue le 12 mai de Donald Trump concernant l'accord sur le nucléaire iranien qu'il a maintes fois promis de "déchirer".

Les ministres ont également discuté des missions de formation en Irak ainsi que de l'Afghanistan, où 13.000 militaires des pays de l'Otan et de leurs alliés sont encore déployés.

La réunion de vendredi était la dernière au siège historique bruxellois. L'Alliance emménage en effet dans son nouveau quartier général édifié de l'autre côté du boulevard.

Par Dave Clark et Christian Spillmann

 

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