La Haye - Il a peut-être échoué à hisser son parti à la tête des Pays-Bas mais après les législatives de mars 2017, le député d'extrême droite Geert Wilders aura un rôle plus important au sein du parlement et restera une force qui ne pourra être ignorée, d'après les analystes.

Après une campagne ciblée contre l'islam et l'immigration, le politicien a engrangé vingt sièges, contre les 36 sièges crédités à son Parti pour la Liberté (PVV) dans les sondages voici quelques mois.

Mais il gagne tout de même cinq sièges par rapport aux législatives de 2012. Et marque "objectivement" des points, relève Jean-Yves Camus, spécialiste des extrémismes en Europe à l'Institut de Relations internationales et stratégiques (IRIS).

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"Cela aurait été génial si nous avions été le plus grand parti, mais nous sommes prêts à parler et à aider le gouvernement. C'est mon espoir", a déclaré Geert Wilders à la presse jeudi 16 mars 2017, au lendemain du scrutin.

Il a toutefois averti qu'il montrerait sa "force d'opposition" s'il était exclu, ce qui est fortement probable car la plupart des autres partis ont promis durant la campagne de ne pas collaborer avec lui.

"Ca va barder"

L'ombre de ce véhément politicien va planer sur le paysage politique néerlandais qu'il a déjà pu faire glisser vers la droite.

Le Parti populaire libéral et démocrate (VVD) du Premier ministre sortant Mark Rutte, qui aurait obtenu 33 sièges, a pris la main dans le long processus de formation d'un gouvernement de coalition.

"De nombreux partis, dont le VVD de Mark Rutte, ont déjà repris certains points de vue du PVV, particulièrement sur la politique d'immigration", a expliqué Matthijs Rooduijn, sociologue politique de l'Université d'Utrecht.

Pour lui, "la plupart des partis sont devenus davantage nationalistes et c'est à cause de l'influence du PVV".

Alors que Geert Wilders devrait devenir le plus grand leader d'opposition, de nombreux accrochages sont à prévoir à la chambre basse du parlement.

Avec le jeune et charismatique Jesse Klaver, dont le parti écologiste GroenLinks a triplé son score avec 14 sièges, ou encore avec le chef des sociaux-libéraux D66 Alexander Pechtold, rejeté à la troisième place par le PVV, avec 19 sièges.

Si l'un de ces deux partis devait faire partie du gouvernement avec les libéraux, "l'affrontement continuera sur les thèmes sociaux et culturels", a souligné M. Rooduijn. "Et ça va barder!"

"L'élite politique insipide"

Responsable de la chute du premier gouvernement de Mark Rutte en 2012, Geert Wilders pourrait aussi chercher à tirer profit de la nature fragmentée de la prochaine coalition, composée probablement de quatre ou cinq partis, selon l'expert néerlandais.

"Il pourrait dénoncer le fait que le nouveau cabinet fait trop de compromis et d'accords en coulisses", ajoute-t-il. "Cela lui donnera des munitions supplémentaires pour son message populiste selon lequel il y a une élite politique insipide qui n'écoute toujours pas les inquiétudes des électeurs."

Son score est loin de signer la fin de Geert Wilders et de ses enjeux, d'après Claes de Vreese, politologue à l'Université d'Amsterdam: "il reste une force importante au sein de la politique néerlandaise et européenne."

Ainsi, les leaders nationalistes et relais d'opinion "anti-système" en Europe se sont engouffrés dans la brèche, sur fond d'élections cruciales en France et en Allemagne.

"C'est la preuve que les idées communes que nous avons avancent dans les différents pays européens", a remarqué la présidente du Front national Marine Le Pen, parvenue au deuxième tour de l'élection présidentielle française.

Geert Wilders est d'ailleurs parvenu à étendre sa popularité de l'autre côté de l'Atlantique, après avoir été mentionné dans la populaire émission télévisée américaine "The Daily Show". 

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L'Allemagne est le prochain test pour les partis anti-immigration et anti-système, après les Pays-Bas et la France

Le présentateur Trevor Noah a dénoncé le "message haineux" de Geert Wilders, dont il a comparé la tignasse blonde à celle du président Donald Trump mais aussi de l'acteur Christopher Walken jouant le rôle du méchant dans "Batman Returns".

Par Jan Hennop

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