Bruxelles - La Commission européenne s'est clairement engagée à ce que le plan de relance favorise une économie verte, en vue d'atteindre la neutralité climatique en 2050. Mais certains craignent que l'argent injecté pour relancer l'économie après la crise du Covid-19 ne réponde pas à cette ambition.

"Le risque est toujours là, lorsque nous sommes en difficulté, que nous commencions à dépenser de l'argent pour des choses qui n'ont pas d'avenir". Cette mise en garde de Frans Timmermans, qui chapeaute le déploiement du Pacte vert au sein de la Commission, témoigne de la volonté de l'exécutif européen à maintenir le cap après avoir proclamé son "Pacte vert" comme nouveau modèle de croissance.

L'Allemagne, qui prend ce mercredi la présidence tournante de l'UE, s'est engagée à ce que "le Pacte vert contribue à la gestion des conséquences de la pandémie de Covid-19, à la durabilité et à la compétitivité de l'économie", dans son programme.

Ce plan de relance, que la Commission espère financer à hauteur de 750 milliards d'euros, viendra s'adosser au budget pluriannuel de l'UE pendant les premières années du prochain cadre financier 2021-2027.

Bruxelles voudrait appliquer au nouvel instrument la même formule qu'au budget: un quart des dépenses consacré à l'action climatique, et l'application systématique du principe "do no harm" ("Ne pas nuire") pour chaque euro dépensé.

A ce titre, la Commission propose notamment de doper le "Fonds pour la transition juste", destiné à limiter la casse économique et sociale, pour le porter de 7,5 à 40 milliards d'euros.

Marcus Trilling, spécialiste du budget pour l'ONG Climate action network, espère "voir tous les fonds de la relance venant de l'UE être tournés vers des investissements de long terme (...) et participer vraiment à la transition".

Mais la bataille n'est pas gagnée.

Priorités diverses

La Commission souhaite que les Etats membres fournissent un plan d'action expliquant les réformes engagées grâce à l'argent versé.

Selon Markus Trilling, des pays qui suivent déjà des politiques progressistes, comme l'Espagne, mettront plus de ressources dans la transition verte. Mais d'autres diront que leurs priorités sont ailleurs: outre la transition énergétique, la numérisation de l'économie et la défense de l'emploi.

"En Italie, il y a une gros retard des investissements publics dans les infrastructures. Ensuite, il y a les pays qui ne veulent pas mettre cet argent dans la transition verte. La Pologne et beaucoup de pays de l'Est, qui disent +vous allez trop vite+", et voudraient investir dans le gaz ou le nucléaire, estime M. Trilling.

"Toute décision d'investissement maintenant, (...) ce sont des infrastructures qui vont rester pour 20, 30, 40 ans", prévient encore l'expert.

Pour le président de la commission Environnement du Parlement européen Pascal Canfin (Renew Europe, centre), le "verdissement" du budget pourrait contribuer à convaincre les quatre "frugaux" (Autriche, Pays-Bas, Danemark, Suède), réticents à augmenter le budget européen mais "plutôt progressistes" sur le plan environnemental.

Un "alignement" sur les objectifs du Pacte vert "revient à assurer aux pays du Nord que l'argent sera utilisé intelligemment" et il est "beaucoup plus difficilement critiquable par les pays bénéficiaires", l'Italie et l'Espagne, qu'une conditionalité liée à l'orthodoxie budgétaire.

Un autre point très critiqué est l'aide destinée à défendre la solvabilité des entreprises touchées par la crise: faut-il accorder des aides à des secteurs très polluants, aérien, usines, sans réclamer de transformation vers un modèle plus respectueux de l'environnement?

"Il y a l'affichage du plan vert, mais pas vraiment l'argent nécessaire pour le mettre en place, il n'y pas les critères et une conditionalité suffisamment exigeants pour qu'il y ait un véritable effet et il n'y a pas de changement dans les réglementations qui permette de favoriser vraiment une modification du marché européen dans le sens du développement soutenable", résume l'eurodéputé Verts français David Cormand.

par Marine Laouchez

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