Paris - Emmanuel Macron s'est engagé à porter "dès septembre prochain" devant l'ONU le projet de "pacte mondial pour l'environnement" présenté samedi 24 juin à Paris par des juristes, personnalités politiques, experts et militants écologistes pour renforcer le droit de l'environnement.

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Barque cernée par un nuage de pollution sur le lac de Genève et prise en photo depuis Chardonne (Suisse occidentale), près des Alpes françaises, en février 2017. Photo: Fabrice Coffrini / AFP

"Sur le plan planétaire, nous devons franchir une nouvelle étape après l'accord de Paris" sur le climat conclu fin 2015, a lancé le président en conclusion d'une journée consacrée à la présentation d'un texte qui affirme de grands principes: celui du pollueur-payeur, de la non-régression du droit, de l'accès à la justice, du principe de réparation ou celui de précaution, le droit à un environnement sain...

"L'organisation des Nations unies est l'enceinte adéquate", selon lui.

M. Macron a promis de porter "dès septembre prochain" devant l'ONU ce texte dont les promoteurs souhaitent qu'il devienne un traité international. Même si "le processus qui nous attend pour faire ratifier ce pacte mondial sera lent, difficile", a souligné le président.

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Des pluies diluviennes ont provoqué des inondations majeures en mai 2017 notamment dans la ville de Guangzhou district de Zengcheng, où des voitures ont été englouties. Photo: STR / AFP

À la différence des textes internationaux actuels sur l'environnement qui, comme la Déclaration de Rio de 1992, sont purement déclaratifs, ce "pacte mondial" a pour ambition de pouvoir être invoqué contre les États devant des juridictions.

Ce "troisième pacte" international, après celui sur les droits civils et politiques et celui sur les droits économiques, sociaux et culturels, adoptés en 1966, "reconnaîtra pour la première fois les droits de l'environnement", a plaidé Laurent Fabius, ancien président de la COP21, la conférence de l'ONU qui a scellé l'accord de Paris sur le climat en 2015.

"Less talk, more action!" ("moins de paroles, plus d'action!"), avait-il lancé en ouvrant la conférence, empruntant au passage à l'acteur américain Arnold Schwarzenegger, également présent à l'université de la Sorbonne, l'une des ses formules préférées.

 

Un préambule et 26 articles

"Des projets, il y en a eu beaucoup", a rappelé M. Fabius. "Mais là nous voulons que ça débouche et non pas dans des années et des années", a-t-il lancé à la fin des travaux, peu avant de remettre le texte à M. Macron.

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Un jeune garçon passe devant une pile de poissons aplatis et séchés au soleil en mars 2017 sur la rive occidentale du lac Turkana, au Kenya, qui a reculé ces dernières années diminuant drastiquement les stocks de poissons. Photo: Tony Karumba / AFP

Rédigé à l'initiative notamment du Club des juristes, un groupe de réflexion juridique français, le document comporte un préambule et 26 articles.

"Je suis votre serviteur pour soutenir cette initiative", a pour sa part lancé le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.

"J'ai souvent déploré qu'au-delà de nos efforts, nos institutions internationales, nos démocraties et notre droit ne s'étaient pas adaptés au fil du temps aux enjeux du long terme", a-t-il dit. "Maintenant se lève grâce à vous une nouvelle mobilisation (...) pour donner ce cadre juridique qui nous facilitera la tâche", s'est réjoui le militant écologiste désormais ministre.

M. Hulot a rappelé qu'au niveau national, il présenterait le 5 juillet son "plan d'action sur le climat". C'est "évidemment une des priorités de mon nouveau job", a-t-il assuré, avant d'ajouter, suscitant les rires de l'auditoire: "J'espère que ce ne sera pas seulement un job d'été!"

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Da le glace sur une plage de la lagune Jokulsarlon dans la région d'Austurland en Islande en avril 2017. Photo: Loïc Venance / AFP

Ce plan climat français va "traduire dans les politiques publiques (une) ambition environnementale mais aussi (une) exigence de solidarité", selon lui.

Paris et le réseau de maires de l'association C40 "s'engagent à vos côtés, c'est acquis", a aussi déclaré Anne Hidalgo, maire de Paris et présidente du C40 (réseau de 91 villes engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique).

"Le droit, c'est ce cadre qui nous permet d'agir et qui nous permet aussi de revendiquer son application lorsqu'elle est défaillante", car "rien n'est jamais acquis", a relevé Mme Hidalgo, dénonçant les lobbys "très puissants", contre lesquels le droit est "une protection", et la décision "obscurantiste, nihiliste" du président Donald Trump de retirer les États-Unis de l'accord de Paris.

L'ancien secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et Arnold Schwarzenegger, fondateur de l'organisation R20, qui regroupe des gouvernements régionaux, ont aussi apporté leur soutien au projet.

Par Dominique Schroeder

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