Paris - Du triomphe de l'ARN messager à l'arrivée de Novavax, tour d'horizon des vaccins contre le Covid-19 et des questions que pose l'émergence fulgurante du variant Omicron.

 

- Le triomphe de l'ARNm

Ces derniers mois ont scellé le triomphe mondial de deux vaccins à ARN messager, technologie jusque-là inédite: celui de l'alliance américano-allemande Pfizer/BioNTech (commercialisé sous le nom de Comirnaty) et celui de la société américaine Moderna (vendu sous le nom de Spikevax).

Respectivement autorisés dans plus de 100 et plus de 80 pays, selon un décompte de l'université canadienne McGill, ce sont eux qui affichent les meilleurs taux d'efficacité.

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L'ARNm est une technique révolutionnaire: il s'agit d'injecter des morceaux de code génétique qui fonctionnent comme une sorte de programme.

Ils donnent à nos cellules l'information leur permettant de produire elles-mêmes un composant du virus, afin d'habituer le système immunitaire à le reconnaître. L'organisme pourra ainsi affronter efficacement le virus quand il y sera vraiment confronté.

- D'autres techniques

Devenu mardi le cinquième vaccin anti-Covid autorisé dans l'Union européenne, celui de l'Américain Novavax s'appuie sur une autre technologie, plus commune.

Vendu sous le nom de Nuvaxovid, c'est un vaccin dit "sous-unitaire": il contient une composante du virus (et non le virus entier comme les vaccins les plus classiques), introduite dans l'organisme pour déclencher une réponse immunitaire.

C'est sur cette technique que se basent les vaccins contre la coqueluche, la méningite à méningocoque et l'hépatite B.

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Le logo du nouveau vaccin Novavax, le 17 novembre 2020 à Londres
AFP/Justin Tallis

"Puisse-t-il être un solide encouragement pour les non-vaccinés ou ceux qui n'ont pas fait leur rappel!", a espéré lundi la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.

Une référence au fait que le refus de la vaccination est parfois motivé par la nouveauté de la technologie de l'ARNm.

Enfin, les deux autres vaccins homologués dans l'UE, ceux d'AstraZeneca et de Janssen (filiale du laboratoire américain Johnson & Johnson), emploient la technique du "vecteur viral" (un autre virus est utilisé comme plateforme).

Mais les pays riches les ont progressivement délaissés au profit des vaccins à ARNm. Le vaccin d'AstraZeneca est aujourd'hui principalement redirigé vers le programme international Covax, destiné à fournir les pays pauvres.

- Omicron rebat les cartes

La donne a changé avec l'arrivée du variant Omicron, extrêmement contagieux.

Ses mutations semblent lui permettre de réduire l'immunité par anticorps contre le virus. Conséquence: il peut probablement contaminer un nombre important de vaccinés.

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Plusieurs études récentes, faites en laboratoire, montrent que le taux d'anticorps s'effondre face à Omicron chez des vaccinés avec Pfizer/BioNTech, Moderna, et plus encore AstraZeneca ou Sinovac, vaccin chinois utilisé dans une cinquantaine de pays.

Certes, une dose de rappel semble relancer nettement l'immunité par anticorps. Après Pfizer/BioNTech, c'est ce qu'a annoncé Moderna lundi. Mais il manque une donnée cruciale: on ne sait pas à quel point cet effet dure dans le temps.

Les incertitudes sont encore plus grandes pour le vaccin de Novavax, testé en essais cliniques au moment où les variants Alpha et Beta étaient les plus courants.

"Les données sont limitées sur son efficacité contre d'autres variants préoccupants, dont Omicron", a reconnu lundi l'Agence européenne du médicament (EMA) en lui donnant son feu vert.

Mais tout cela ne signifie pas que les vaccins ne sont plus efficaces du tout. Car les anticorps ne sont qu'un des volets de la réponse immunitaire, qui passe aussi par des cellules appelées lymphocytes T.

Plus difficile à mesurer, cette "immunité cellulaire" n'en joue pas moins un rôle très important, notamment contre les formes graves de la maladie.

Ainsi, une étude présentée mi-décembre en Afrique du Sud laisse penser que Pfizer/BioNTech reste plutôt efficace contre les formes graves dues à Omicron, y compris avant le rappel.

A cause de toutes ces incertitudes, il n'y a "pas encore de réponse" à la question de savoir si Omicron nécessite des vaccins spécialement adaptés, a souligné mardi la directrice de l'EMA, Emer Cooke.

 

- Et les enfants?

Après les Etats-Unis et Israël, l'Union européenne a autorisé la vaccination des enfants de 5 à 11 ans et plusieurs de ses membres ont commencé à la mettre en oeuvre.

En Europe comme aux Etats-Unis, seul le vaccin de Pfizer/BioNTech peut être utilisé dans cette classe d'âge, et dans une version différente de celle des adultes: elle est trois fois moins dosée.

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Sujet politiquement sensible, la vaccination des enfants fait aussi l'objet de vifs débats scientifiques. Les formes graves de Covid sont extrêmement rares dans cette tranche d'âge, alors que les vaccins peuvent avoir des effets secondaires sur le coeur, certes très peu fréquents.

L'intérêt est avant tout collectif: éviter que les enfants soient un vecteur de l'épidémie.

"Bien que moins important que chez les adultes, le rapport bénéfices/risques de la vaccination des enfants (est) favorable", a toutefois souligné lundi la Haute autorité de santé (HAS) française, en se basant sur ce qu'on observe aux Etats-Unis.

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Un enfant se fait vacciner contre le Covid-19, le 18 décembre 2021 à Lisbonne, au Portugal
AFP/Patricia de Melo Moreira

Mais au-delà de la question des effets secondaires, des scientifiques s'interrogent sur la pertinence du timing, puisque trois doses semblent nécessaires contre Omicron.

"On a un temps de retard: là, les enfants seront protégés à la fin du mois de mars, donc on aura vécu toutes les vagues qu'on redoute le plus", a estimé mardi sur la radio franceinfo l'infectiologue Benjamin Davido, selon qui vacciner les enfants "n'est pas la priorité".

Par Paul Ricard

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