Bruxelles - Le rejet mardi de l'accord de retrait par le parlement britannique, qui a avivé les craintes d'un Brexit sans accord, a poussé plusieurs Etats membres à accélérer leurs préparatifs aux changements provoqués par le départ du Royaume-Uni prévu le 29 mars.

- UE

La Commission européenne, qui presse en outre les Etats membres à prendre leurs propres mesures au niveau national, a publié 88 notes sectorielles afin de préparer l'Union à un scénario sans accord.

Elle avait présenté dès le 19 décembre ces mesures visant à éviter le chaos le 29 mars si aucun accord pour un retrait ordonné n'était finalisé d'ici là.

Elles concernent notamment les droits des citoyens, avec une approche "généreuse" sous condition de réciprocité, et les secteurs les plus exposés: les marchés financiers, le trafic aérien, les douanes ou encore le marché du carbone qui permet de réglementer les émissions de CO2.

L'exécutif européen a annoncé après le vote britannique qu'il allait envoyer une équipe dans les 27 capitales européennes pour coordonner ses travaux et ceux des Etats membres.

"On ne laisse rien au hasard", a assuré un porte-parole de la Commission.

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Principaux domaines professionnels des ressortissants européens au Royaume-Uni 

- Irlande

Le voisin du Royaume-Uni, avec qui il partage une frontière terrestre, est le plus exposé.

L'Irlande a lancé l'embauche de 1.000 employés pour les contrôles douaniers et sanitaires, jugée nécessaire avec ou sans accord de retrait.

Dans son budget pour 2019 dévoilé en octobre, Dublin a mis 1,5 milliard d'euros de côté, pour amortir toute onde de choc liée au divorce avec le Royaume-Uni.

Une loi spéciale pour contrer les effets d'un "no deal" doit passer devant le parlement irlandais en mars. Elle se concentrera sur "la protection des citoyens et le soutien à l'économie, aux entreprises et à l'emploi".

Les ports et aéroports font l'objet de mesures spéciales. Ainsi le port de Dublin a déjà entamé des travaux pour ajouter des quais dédiés aux inspections, des places de parking pour les camions, des postes de contrôle pour le bétail, ou encore des bureaux pour les 144 nouveaux employés.

 

- France

La France a déclenché jeudi son plan "lié à un Brexit sans accord" préparé depuis avril 2018, qui comprend une série de mesures législatives et juridiques.

Il s'agit notamment de réglementer le statut des 200.000 Britanniques vivant en France, qui auront 12 mois pour régulariser leur situation, "sous réserve de réciprocité" de la part du Royaume-Uni.

Une autre ordonnance permettra la réalisation "en urgence" d'infrastructures nécessaires pour assurer les contrôles aux frontières dès le 29 mars.

Paris a également souligné travailler activement avec la Commission européenne pour trouver un accord sur la pêche afin de pouvoir rassurer les pêcheurs qui jettent leurs filet dans les eaux britanniques, très poissonneuses.

- Pays-Bas

Le pays est très exposé en cas de Brexit sans accord, notamment par ses liens commerciaux via Rotterdam, le plus grand port d'Europe. La Haye a déjà mis 100 millions d'euros de côté pour ses préparatifs, y compris le recrutement de 900 nouveaux douaniers. Une grande campagne d'information va être lancée, notamment avec des spots télévisés.

Le gouvernement néerlandais a annoncé la semaine passée que les quelque 45.000 citoyens britanniques et leurs familles vivant actuellement dans le pays conserveraient leur droit d'y vivre et travailler y compris en cas de "no deal", bénéficiant d'une période de 15 mois pour demander un permis de séjour.

- Belgique

Quelques heures après le vote du parlement britannique, le Premier ministre Charles Michel assurait que son gouvernement était prêt à soumettre "les textes nécessaires" au Conseil des ministres.

La Belgique, très exposée (elle estime qu'un scénario "no deal" coûterait annuellement 2,2 milliards d'euros en taxes supplémentaires et plus de 40.000 emplois au pays), accorde une attention particulière à ses douanes et à ses entreprises. Elle a déjà mis en place un "portail internet Brexit" et lancé une "vaste campagne d'information". Elle prévoit d'augmenter les effectifs de ses douanes.

La Belgique prévoit par ailleurs de solliciter des fonds européens pour soutenir les entreprises et les régions les plus vulnérables en cas de Brexit dur. Elle planche également sur un régime "transitoire" pour les Britanniques qui travaillent sur son territoire.

- Espagne

Le gouvernement espagnol prévoit d'adopter en février un plan de mesures destinées à faire face aux conséquences d'une absence d'accord, centré sur "les droits des citoyens, les relations commerciales et les secteurs économiques particulièrement sensibles".

Madrid a évoqué un renforcement des effectifs en matière de contrôles douaniers et l'idée d'un "chèque Brexit" afin d'aider les entreprises.

Le gouvernement a lancé un site internet http://www.lamoncloa.gob.es/brexit/Paginas/index.aspx afin d'informer les opérateurs économiques ainsi que les citoyens britanniques installés en Espagne et les Espagnols vivant au Royaume-Uni.

- Suède

Le pays continue ses préparatifs pour sécuriser le statut des 20 à 30.000 Britanniques vivant dans le pays et soutenir les entreprises.

La Suède a identifié quatre secteurs sensibles: l'approvisionnement en médicaments, les douanes, la finance/banque et les questions sanitaires et phytosanitaires.

Marine Laouchez, avec les bureaux de l'AFP

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