Bruxelles - La Commission européenne a insisté samedi 30 septembre sur la capacité des villes candidates à l'accueil des deux agences européennes qui devront quitter Londres à la suite du Brexit à assurer la "pérennité" de leurs activités.

L'exécutif européen a ainsi publié une évaluation des candidatures, passées au crible de 6 critères définis par les 27 États membres eux-mêmes, hors Royaume-Uni.

Ce rapport doit aider ces mêmes 27 à prendre une décision dans une bataille qui s'annonce politique, pour des villes en quête de prestige et de retombées économiques. Non contraignant, il servira de base à une décision qui sera prise lors d'un conseil des ministres européens le 20 novembre, par un vote à bulletin secret.

Pas moins de 23 métropoles ont postulé pour être le nouveau siège de l'Agence européenne du médicament (AEM) et de l'Autorité bancaire européenne (ABE), contraintes de déménager en prévision de la sortie du Royaume-Uni de l'UE, prévue fin mars 2019.

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Le rapport de la Commission "respecte la décision des États membres selon laquelle les critères ne devaient pas être pondérés et ne présente aucun classement ni aucune liste restreinte".

Dans ses quelques "commentaires" qui accompagnent l'évaluation, la Commission toutefois "estime pertinent de mettre l'accent sur les éléments essentiels pour assurer la pérennité des activités pendant la phase de relocalisation et à échéance immédiate".

Outre la disponibilité et l'accessibilité du nouveau siège, la Commission note notamment l'importance de "la possibilité pour les agences de conserver leur personnel actuel".

Ces remarques font écho à un rapport de l'AEM, la plus sollicitée des deux agences avec ses presque 900 employés, publié quelques jours avant l'évaluation de la Commission.

 

Conditions spéciales

L'agence a ainsi prévenu que "l'avenir de la santé publique en Europe" était en jeu, après les résultats d'une enquête réalisée auprès de son équipe montrant que ses employés étaient prêts à démissionner en masse si la nouvelle destination ne leur convenait pas.

"Pour certains endroits, les taux de rétention du personnel pourrait être très en dessous de 30%. Ce qui signifierait que l'Agence ne serait plus capable de fonctionner", souligne l'AEM, chargée de l'évaluation scientifique, de la supervision et des contrôles de sécurité pour les médicaments à usages humains et vétérinaires commercialisés dans l'UE.

Installée depuis 1995 dans le quartier d'affaires de Canary Wharf à Londres, elle a généré des réservations de 30.000 nuitées d'hôtels pour ses nombreux visiteurs en 2015.

L'Agence ne cite aucune ville dans les résultats de son enquête, qu'elle a volontairement rendus anonymes. Mais selon le site Politico, Bratislava, Varsovie, Bucarest et Sofia font partie des villes qui rebutent le plus.

A l'inverse, Amsterdam, Barcelone et Vienne auraient leurs faveurs.

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 Carte d'Europe localisant les 23 villes candidates pour accueillir l'EMA et l'EBA qui partent de Londres. Date de création des agences, nombre d'employés, surface de bureaux et nuitées d'hôtel générées

Athènes, Bruxelles, Bonn (Allemagne), Copenhague, Dublin, Helsinki, Lille (France), Milan (Italie), Porto (Portugal), Zagreb et Malte sont aussi sur les rangs.

Huit villes se sont proposées pour l'ABE, connue pour les tests de résistance qu'elle mène sur les banques européennes, qui compte tout de même un peu moins de 200 employés: Bruxelles, Dublin, Francfort, Paris, Prague, Luxembourg, Vienne et Varsovie ont posé leur candidature.

Certains États n'ont pas hésité à accompagner leurs candidatures de "conditions spéciales".

Le gouvernement irlandais par exemple est prêt à contribuer à hauteur de 78 millions d'euros pendant 10 ans aux frais liés à l'installation. A Vienne, la municipalité est prête à subventionner une crèche, tandis qu'à Milan les employés auraient aussi accès à une salle de gym.

Les autres critères d'évaluation sont les bâtiments proposés, l'accessibilité, la présence d'écoles, l'accès au marché du travail et aux soins médicaux.

Un certain équilibre géographique dans la répartition avec les autres agences de l'UE devra aussi être respecté. La Bulgarie, la Croatie, la Roumanie et la Slovaquie sont les quatre seuls États membres à n'héberger aucune agence.

Dans son souci d'objectivité, le rapport de la Commission présente dans des tableaux les points clés de chaque offre déposée. Par manque de temps et pour assurer l'équité de la procédure, explique l'institution, elle s'est basée uniquement sur les dossiers de candidatures.

Par Marine Laouchez

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