Bruxelles - Les dirigeants européens se retrouvent jeudi et vendredi à Bruxelles pour leur dernier sommet de l'année avec au menu des sujets épineux: budget de l'UE, stratégie climatique à long terme, ou encore relations avec le Royaume-Uni après le Brexit.

Pour le premier sommet de Charles Michel, nouveau patron du Conseil européen, et d'Ursula von der Leyen, qui viendra défendre les positions de la Commission, l'agenda promet des discussions ardues sur des dossiers qui ne font pas l'unanimité.

La réunion se tiendra à 27. Le Premier ministre britannique Boris Johnson ne fera pas le déplacement en raison des élections législatives anticipées au Royaume-Uni.

Avec un Brexit prévu fin janvier et un traité de retrait toujours en attente d'être ratifié, le résultat sera évidemment scruté par les dirigeants européens. D'autant que vendredi, un débat est prévu pour déterminer les priorités des 27 dans les négociations à venir sur la future relation avec Londres, en particulier commerciale.

Selon un projet de conclusions vu par l'AFP, les 27 devraient inviter la Commission à entamer les discussions "immédiatement" après le départ des Britanniques.

"Il faudra que nous puissions avancer rapidement après" cette élection, a affirmé mardi le président français Emmanuel Macron, à l'issue d'une rencontre avec Charles Michel à Paris. Il a insisté pour "préserver la méthode suivie jusqu'à présent: "unité des 27, conduite unique des négociations par Michel Barnier, rigueur dans la défense de nos intérêts sans céder à la pression et en respectant, avec le Royaume Uni, des conditions de concurrence équitables".

Neutralité climatique

Jeudi, les chefs d'Etat et de gouvernement européens vont tenter de se mettre d'accord sur la date de 2050 pour se fixer un objectif de "neutralité carbone".

Cette "neutralité climatique" consiste à réduire au maximum les émissions de C02 et compenser le reste par des dispositifs d'absorption (par les sols et les forêts, par la technologie).

En juin, l'UE n'avait pas réussi à trouver l'unanimité. Trois pays --la Pologne, la Hongrie et la République tchèque-- encore très dépendants des énergies fossiles, en particulier le charbon, résistent par crainte d'une transition douloureuse sur le plan social.

Le débat se tiendra au lendemain de la présentation du "Pacte vert" de la Commission européenne, promesse de campagne d'Ursula von der Leyen qui va se décliner au fil des prochains mois en de multiples propositions législatives.

Au coeur de ce pacte, une "loi climatique" unique en son genre, a promis l'Allemande, qui inscrirait dans le marbre cet objectif de 2050. Cette proposition de loi pourrait être dévoilée fin février. Elle serait précédée par une proposition sur un "mécanisme de transition juste", une disposition très attendue par les pays les plus en retard dans la transition.

La Pologne "veut des estimations très concrètes sur les sommes" nécessaires pour atteindre la neutralité carbone, a expliqué un diplomate européen, un point "décisif" dans la discussion.

"Je sais qu'il y a encore dans les heures, dans les jours qui viennent, un travail politique pour tenter d'atteindre cet objectif important", a reconnu mardi Charles Michel.

De fait, le défi climatique est dépendant de l'argent que l'Union européenne va y consacrer. Or la discussion sur le budget pour la période 2021-2027 ne fait que débuter et promet des débats agités jeudi au sommet.

La proposition de la Commission, qui remonte à mai 2018, avait déjà irrité de nombreuses capitales.

Von der Leyen "inquiète"

La "boîte à outils" proposée la semaine passée par la présidence finlandaise pour les négociations a ravivé les dissensions.

Ursula von der Leyen s'est dite "inquiète" des "coupes drastiques" proposées, particulièrement dans les secteurs pouvant être affectés comme Frontex (agence européenne de garde-frontières), la défense, le numérique et les "efforts pour verdir l'économie".

La Finlande a proposé un budget abondé par des contributions nationales de 1.087 milliards d'euros, soit 1,07% du revenu national brut européen, contre 1,114% proposé par la Commission

"C'est une tentative qui a ses faiblesses, ses limites. Il faut la prendre pour ce qu'elle est: une base de travail", a résumé mardi la Française Amélie de Montchalin, à l'arrivée d'une réunion des ministres des Affaires européennes pour préparer le sommet.

Le futur budget de l'UE doit concilier la perte financière liée au départ du contributeur britannique et les nouvelles priorités (climat, sécurité, défense). Il faudra aussi compter avec les défenseurs des politiques historiques de l'Union que sont l'agriculture et la cohésion, dans lesquelles la Commission Juncker voulait tailler pour trouver des économies.

"On sait qu'on n'aura pas un accord jeudi, on sait néanmoins qu'il faut qu'on pose des jalons, qu'on avance, et qu'on puisse avant le printemps avoir un accord", a estimé Mme de Montchalin, ce qui permettra d'entamer les négociations avec le Parlement européen.

Par Marine Laouchez

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