Paris - Le Parlement français a adopté mercredi une proposition de loi controversée visant à juguler la haine en ligne, dont les détracteurs estiment qu'elle donnera un pouvoir accru de censure aux grandes plateformes.

Selon les députés de la majorité présidentielle, initiateurs du projet, "les contenus haineux, déjà trop présents sur la toile, ont significativement explosé ces dernières semaines" durant le confinement et "nous montrent, une nouvelle fois, l'urgence de réguler les réseaux sociaux".

Sur le modèle allemand, plateformes et moteurs de recherche auront l'obligation de retirer sous 24 heures les contenus "manifestement" illicites, sous peine d'être condamnés à des amendes jusqu'à 1,25 million d'euros. Sont visées les incitations à la haine, la violence, les injures à caractère raciste ou encore religieuses.

Le Sénat dominé par l'opposition de droite s'est opposé à cette mesure. "Pas question de confier la police de notre liberté d'expression aux GAFA" (Google, Amazon, Facebook et Apple), selon le chef de file des sénateurs LR (droite), Bruno Retailleau.

Extrême gauche et extrême droite s'élèvent aussi contre un risque de "censure automatique".

Le vote intervient alors que la députée Laetitia Avia, à l'origine du texte, est mise en cause par le journal en ligne Mediapart pour des "humiliations à répétition" et des "propos à connotation sexiste, homophobe et raciste" à l'encontre de cinq ex-collaborateurs parlementaires. L'élue de Paris, qui dénonce des "allégations mensongères", a indiqué qu'elle allait déposer plainte pour diffamation.

La parlementaire de 34 ans, avocate de profession, vise avec sa proposition de loi, dont le parcours parlementaire a commencé il y a plus d'un an, "la fin de l'impunité" en ligne.

Les grandes entreprises du numérique affichent leur soutien au renforcement de la lutte contre la haine en ligne, mais l'obligation de retrait des contenus "illicites" sous 24 heures inquiète. Car elle obligera les plateformes à décider très rapidement, au risque d'une cascade de polémiques et conflits juridiques.

Au-delà, le texte prévoit une série de nouvelles contraintes pour les plateformes: transparence sur moyens mis en oeuvre et résultats obtenus, coopération renforcée notamment avec la justice, surcroît d'attention aux mineurs. Le tout sera contrôlé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel.

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