Bruxelles - L'UE a dévoilé son plan de bataille sur l'intelligence artificielle et les données afin de rattraper son retard sur les États-Unis et la Chine et dissiper les craintes de contrôle à la Big Brother.

Des voitures connectées à la reconnaissance faciale, ce secteur hautement stratégique est considéré comme la technologie du futur de notre quotidien.

Consciente d'être passée à côté de la première révolution internet, qui a vu l'émergence des géants américains, comme Google et Facebook, ou chinois tel Tencent, l'UE veut jouer un rôle central dans la définition des règles et la promotion de ses propres champions.

Avec cet objectif en tête, la Commission européenne a présenté le 19 février son "livre blanc".

Après une consultation jusqu'au 19 mai de tous les acteurs --entreprises, syndicats, société civile, les gouvernements des 27 Etats membres -, elle espère faire des propositions législatives à la fin de l'année.

"L'intelligence artificielle n'est ni bonne ni mauvaise en soi : tout dépend du pourquoi et du comment elle est utilisée", a souligné la vice-présidente de la Commission, Margrethe Vestager.

Bruxelles insiste d'abord sur l'importance du respect des droits fondamentaux des citoyens et met notamment en garde contre des distorsions dans les algorithmes de recrutement conduisant à des discriminations.

Les systèmes d'intelligence artificielle à haut risque (la santé par exemple) devront être certifiés, testés et contrôlés, comme le sont les voitures, les cosmétiques et les jouets, ajoute la Commission.

Sur la reconnaissance faciale de masse --qui réveille l'angoisse d'un Etat tout puissant espionnant ses citoyens--, Bruxelles veut d'abord ouvrir le débat pour déterminer dans quelles circonstances elle peut être autorisée.

Dans le domaine des données, "le carburant de l'intelligence artificielle" (car c'est grâce à elles que des algorithmes s'entraînent, qu'ils apprennent et déterminent une action), l'UE veut devenir un leader.

Marché unique des données

L'Europe a certes perdu la guerre des données personnelles, face aux Etats-Unis et à la Chine, mais elle veut remporter celles des données industrielles, qui relient les objets entre eux grâce à l'arrivée de la 5G.

Avec ses grandes entreprises présentes dans tous les secteurs, elle possède une énorme base de données de ce type, un atout considérable que n'ont pas les Américains, le commissaire chargé de l'industrie, le Français Thierry Breton.

L'objectif de Bruxelles: créer un "marché unique" européen où les données personnelles et non personnelles, y compris celles qui sont confidentielles et sensibles, sont sécurisées et où les entreprises et le secteur public ont facilement accès à d'énormes quantités de données de haute qualité pour créer et innover.

"Ce sera un espace où tous les produits et services basés sur les données respecteront pleinement les règles et les valeurs de l'UE", promet l'exécutif européen.

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Des applications de traduction instantanée à la reconnaissance faciale, l'intelligence artificielle va envahir notre quotidien. Photo: Fabrice Coffrini/AFP

A l'instar du "Règlement général sur la protection des données (RGPD)", qui renforce le droit des internautes et désormais cité en exemple aux USA et en Corée du sud, l'UE veut instaurer de nouveaux standards qui deviennent une référence internationale.

M. Breton a par ailleurs prévenu "certaines plateformes devenues de véritables 'gatekeepers' de la possibilité d'une régulation pour contrôler leur pouvoir de marché".

Sans les nommer, il vise notamment Google et Facebook qui peuvent contrôler l'accès des utilisateurs et structurer les informations qui leur sont transmises. Des pouvoirs qui peuvent conduire à des pratiques déloyales ou anticoncurrentielles.

Le CCIA Europe, représentant du lobby des Gafa à Bruxelles, s'est félicité que la Commission comptait "discuter avec les parties prenantes pour s'assurer que ses plans vont améliorer les droits en ligne, l'investissement et l'innovation en Europe".

DigitalEurope, un autre lobby, à qui Google et Amazon appartiennent, s'est lui "inquiété des tentatives de rendre obligatoire le partage des données".

Par Céline Le Prioux

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