Paris - Les élections italiennes, marquées par les succès du Mouvement 5 étoiles et de l'extrême droite, illustrent une nouvelle fois le rejet des électeurs à l'égard de la classe politique traditionnelle dans la plupart des démocraties.

Depuis deux ans, le vote du Brexit en Grande-Bretagne, l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, celle d'Emmanuel Macron en France, la poussée de l'extrême droite en Autriche, les revers des démocrates chrétiens et des sociaux démocrates en Allemagne, ont constitué, par delà les différences de situations, autant de manifestations de ce phénomène.

- Le Brexit

29 mars 2019 : le Royaume-Uni quittera l'Union européenne, près de trois ans après le référendum du 23 juin 2016 qui a vu les Britanniques voter à 52% pour le Brexit, au terme d'une campagne axée sur l'immigration et l'économie.

L'onde de choc du Brexit avait entrainé le départ du Premier ministre conservateur David Cameron, initiateur du référendum et tiède défenseur du "remain" (rester), et provoqué une grave crise dans les rangs du Parti travailliste.

Depuis, la Première ministre Theresa May a perdu sa majorité absolue au Parlement et son autorité est contestée au sein même de son parti conservateur, divisé entre partisans d'une coupure radicale et ceux d'une sortie en douceur.

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Résultats définitifs du référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union Européenne 

- Le séisme Trump

L'élection de Donald Trump, le 9 novembre 2016, a provoqué un véritable séisme. Le tribun populiste de 70 ans dont les propos xénophobes et sexistes ont fait scandale durant la campagne, a stupéfié l'Amérique et le monde en battant la démocrate Hillary Clinton.

Sans expérience politique, le milliardaire républicain a joué sur les frustrations et insécurités de la classe ouvrière blanche, laissée-pour-compte de la mondialisation et du libre échange.

Treize mois après son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump est au plus bas dans les sondages.

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Victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle de novembre 2016

- Macron, président de "nulle part"

Emmanuel Macron s'est plu à le rappeler lors d'une émission de télévision en décembre dernier. En élisant en mai 2017 "un président de 39 ans (...), qui sortait de nulle part, la France a stupéfait l’Europe et le monde".

Encore inconnu du grand public trois ans auparavant, le fondateur d'En marche !, mouvement politique "ni de droite, ni de gauche" et pro-européen, a dynamité en quelques mois le paysage politique français.

Le Parti socialiste et la droite, jusque là dominants, ont été absents au second tour de la présidentielle, qui a vu s'affronter M. Macron et la présidente du Front national (extrême droite), Marine Le Pen.

Dans l'opposition, le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a fait son entrée au Parlement avec 16 autres élus de son nouveau parti "La France Insoumise".

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L'élection d'Emmanuel Macron à la présidence française, face à Marine Le Pen (extrême droite) sur fond de forte abstention et nombreux bulletins blancs et nuls

- Autriche : poussée de l'extrême droite

Lors de l'élection présidentielle d'avril 2016, les candidats des deux grands partis autrichiens, social démocrate (SPÖ) et chrétien-démocrate (ÖVP), ont été éliminés dès le premier tour. L'écologiste Alexander Van der Bellen l'a emporté de justesse en mai face au candidat d'extrême droite Nobert Hofer, mais le parti de ce dernier, le FPÖ, a obtenu l'annulation du second tour. Van der Bellen a ensuite remporté la nouvelle élection en décembre avec 53,8% des voix.

Mais l'extrême droite autrichienne a quand même intégré le gouvernement, fin 2017, après être arrivée troisième aux législatives avec 26% de voix. Le gouvernement du chancelier conservateur Sebastien Kurz (ÖVP) comprend six ministres issus du FPÖ, notamment à l'Intérieur, à la Défense et aux Affaires étrangères, avec un positionnement dur sur l'immigration.

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Composition du nouveau Parlement autrichien en sièges par parti comparé au sortant et résultats en %

- Allemagne : double camouflet

Les élections législatives de septembre 2017 ont constitué un camouflet pour les partis traditionnels (démocrates-chrétiens de la CDU et sociaux-démocrates du SPD), au profit de l'extrême droite.

Alternative pour l'Allemagne (AfD), surfant sur les inquiétudes générées par l'ouverture du pays à plus d'un million de demandeurs d'asile depuis 2015, a obtenu près de 13% des voix et fait une entrée historique au Parlement.

La chancelière Angela Merkel a certes remporté l'élection mais avec un des pires scores depuis la guerre (33%). Le SPD, le plus vieux parti d'Allemagne, n'a obtenu que 20,5% des suffrages et ne cesse depuis de perdre en intentions de vote, dépassé désormais dans les sondages par l'extrême droite.

Ce n'est qu'en février 2018, après plus de quatre mois d'impasse politique inédite depuis la guerre, que la chancelière a arraché un accord de gouvernement entre son parti conservateur et les sociaux-démocrates. 

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Résultats officiels des élections législatives allemandes

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