Varsovie - Le Tribunal constitutionnel polonais a contesté la primauté du droit européen sur le droit polonais, une décision qui pourrait menacer l'appartenance du pays à l'Union européenne ainsi que les financements européens, selon les experts.

Voici quelques informations clés pour comprendre cette décision:

 

- Comment en est-on arrivé là ?

En mars, le chef de gouvernement, Mateusz Morawiecki, a demandé au Tribunal de se prononcer sur la primauté de la Constitution polonaise sur le droit communautaire, à la suite d'un différend avec Bruxelles qui portait sur des réformes judiciaires controversées mises en place par le parti nationaliste populiste de droite, PiS, au pouvoir.

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Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki en mai 2021 à Bruxelles
Pool/AFP/Oliver Hoslet

Selon Bruxelles, ces textes, que le gouvernement juge nécessaires pour lutter contre la corruption, menacent l'indépendance du pouvoir judiciaire et l'état de droit dans ce pays.

Les tribunaux européens ont statué sur plusieurs points clefs de ces réformes, condamnant ce pays à plusieurs reprises.

 

-  Que dit le jugement ?

Le 7 octobre 2021, le Tribunal constitutionnel, proche du parti au pouvoir, a déclaré que certains articles des traités de l'UE étaient "incompatibles" avec la Constitution polonaise.

L'arrêt remet notamment en cause les articles 1 et 19 du traité sur l'Union européenne. Le premier établit l'existence de l'UE en tant qu'organe "auquel les États membres attribuent des compétences pour atteindre leurs objectifs communs". Le second définit les pouvoirs et la composition de la Cour de justice de l'UE.

De cette façon, le tribunal polonais a contesté la primauté du droit communautaire sur le droit polonais.

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Des policiers devant l'entrée du Tribunal Constitutionnel, le 7 octobre 2021 à Varsovie, en Pologne
AFP/Jaap Arriens

- Que se passera-t-il maintenant ?

L'arrêt n'a pas encore été officiellement publié mais son entrée en vigueur parait inévitable.

Une fois publié, les juges polonais seront soumis à une double pression: l'une émanant des autorités de l'UE, l'autre du Tribunal constitutionnel polonais, certains d'entre eux pouvant ignorer la législation européenne. Ceux qui par contre s'opposeraient à l'arrêt du Tribunal pourraient risquer des sanctions de la part de l'équipe au pouvoir.

Selon les analystes, le gouvernement agira toutefois avec prudence, craignant de perdre des dizaines de milliards d'euros de plan de relance européen.

"La perte de cet argent pourrait avoir des conséquences politiques très importantes", a déclaré à l'AFP Pawel Chmielnicki, professeur du centre d'études législatives de l'Université Lazarski à Varsovie.

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Le cour de justice de l'Union européenne en janvier 2020 à Luxembourg
AFP/John Thys

Elle pourrait, d'une part, affaiblir les nationalistes populistes au pouvoir qui comptent sur ces fonds pour relancer l'économie après la pandémie.

D'autre part, le blocage de ces fonds pourrait être perçu par une partie de l'opinion publique comme une ingérence excessive de l'UE dans les affaires intérieures de la Pologne et affaiblir le soutien des Polonais à l'UE qui est, selon les derniers sondages, autour de 80%.

Un Polexit en bonne et due forme nécessiterait une notification officielle du gouvernement polonais au titre de l'article 50.

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