Paris - La décision européenne d'imposer aux constructeurs automobiles de réduire de 35% les émissions de CO2 de leurs véhicules d'ici à 2030 va les contraindre à s'adapter en urgence, en consentant d'importantes dépenses en recherche et développement dans un contexte concurrentiel.

Comment les constructeurs français vont-ils y répondre ?

Pour l'économiste Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile, les objectifs européens, pénalités à la clé en cas de non-respect, sont "très, très ambitieux" et seront "très durs" à tenir.

Il considère cependant que les constructeurs français sont plus à même de répondre à cette nouvelle réglementation que les constructeurs allemands par exemple, notamment parce que ces derniers vendent plus de véhicules haut de gamme, à fortes émissions, que les Français.

L'écart sera "moins difficile à combler" pour la France selon l'économiste, "mais il ne faut pas sous-estimer la capacité d'adaptation de l'Allemagne en matière d'investissements", l'enjeu étant désormais d'électrifier les gammes pour réduire la part de l'énergie fossile dans la propulsion des véhicules.

Les pays de l'UE ont trouvé un accord mardi pour une baisse de 35% des émissions de CO2 des voitures neuves en 2030 

Le Français PSA (Peugeot, Citroën, DS, Opel) dit s'être déjà engagé dans une stratégie d'électrification, par la production de véhicules soit électriques, soit hybrides (carburant-électricité).

"Dès 2019, tous les nouveaux modèles auront une version électrifiée", rappelle un porte-parole du groupe à l'AFP.

PSA s'est engagé également à ce que d'ici à 2025, toutes ses gammes de véhicules disposent de cette option électrifiée.

L'autre géant français de l'automobile, Renault, a pour sa part dit à l'AFP "prendre acte" du compromis.

Le groupe au losange a été l'un des premiers à développer des voitures électriques aux ambitions de grande diffusion, lui assurant "un coup d'avance", selon M. Neuvy.

Quid du cas allemand ?

Du côté de l'Allemagne, où 5,6 millions de voitures ont été produites en 2017 contre 1,7 million en France selon l'association professionnelle ACEA, plusieurs géants du secteur ont réagi.

Herbert Diess, patron de Volkswagen, souligne dans un communiqué que la décision européenne "nécessite une révision de notre planification".

"Notre but reste d'atteindre les objectifs de CO2", assure pour sa part Daimler (Mercedes, Smart) mais le respect de ces nouvelles exigences "n'est pas qu'une question de possibilités technologiques mais aussi, de façon décisive, des décisions d'achat réelles de nos clients".

Une inquiétude qui fait écho à celle de PSA puisque le groupe français estime que "les réactions et les usages des clients" à cette électrification auront une importance particulière dans le respect des objectifs.

La question de l'adoption des véhicules électriques par les consommateurs est fondamentale selon Flavien Neuvy: ces voitures ne jouissent encore que d'une autonomie limitée et coûtent plus cher à produire que leurs équivalents thermiques, en raison du prix des batteries. Elles ne représentent qu'un peu plus de 1% des ventes neuves en France.

Les constructeurs automobiles au défi des nouvelles normes européennes d'émissions

Quelles conséquences sur l'emploi ?

L'assemblage d'une voiture électrique est moins complexe que celui d'une voiture thermique, il nécessite donc moins de main-d'œuvre et pourrait entraîner la fermeture de sites de production en Europe.

Le PDG de Volkswagen avait quant à lui assuré le 11 octobre qu'un durcissement de la réglementation menacerait "jusqu'à 100.000 emplois", soit près d'un tiers de ses postes en production.

"Une réduction si drastique est une révolution douloureuse et non une transition contrôlée", avait-t-il ajouté.

Si le mécanisme exact n'est pas encore connu, la nouvelle législation doit permettre d'attribuer les pénalités générées par les constructeurs en cas de non-respect des objectifs à un fonds ou un programme dédié, a expliqué une source européenne à l'AFP.

Les régions possédant un fort tissu industriel automobile, et qui donc pourraient être les premières touchées par la transition écologique, seraient ainsi les premières récipiendaires de ce fonds.

La voiture électrique est-elle la solution idoine à la réduction des émissions de CO2 ?

M. Neuvy rappelle qu'"un certain nombre d'études décrie le bilan carbone des voitures électriques". Ainsi la production des batteries elle-même génère une quantité importante d'émissions de CO2, sans compter la provenance de l'électricité elle-même.

"La France a une production électrique assez +décarbonée+, mais ce n'est pas le cas de l'Allemagne," précise-t-il.

Herbert Diess de Volkswagen se fait l'écho à cette problématique puisqu'il estime que "la production d'une électricité compatible avec les objectifs climatiques et l'existence d'une infrastructure de charge restent à clarifier" - allusion transparente, dans le premier cas, à la part de près de 40% du charbon très polluant dans la production électrique allemande.

Par Robin Legrand

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