Washington - De l'industrie pétrolière à l'automobile, plusieurs multinationales américaines ont exprimé leur déception après le retrait des États-Unis de l'accord de Paris et leur détermination à poursuivre leurs efforts pour réduire les émissions de CO2.

Patron emblématique du constructeur de véhicules électriques de luxe Tesla, Elon Musk n'a pas attendu bien longtemps avant de juger sur Twitter que la décision du président Trump n'était "pas bonne pour l'Amérique ou pour le monde".

Quelques minutes après l'annonce présidentielle, l'entrepreneur milliardaire, aussi très impliqué dans l'énergie solaire, en a profité pour annoncer qu'il claquait la porte des différents cénacles qui conseillent M. Trump.

Numéro un américain de l'automobile, General Motors a, de son côté, assuré que sa position "n'avait pas changé". "Nous défendons publiquement l'action et la prise de conscience sur le climat", a indiqué un porte-parole à l'AFP.

Patron du conglomérat industriel General Electric, Jeff Immelt a lui aussi exprimé son mécontentement sur Twitter et exhorté les milieux d'affaires à prendre la tête du combat pour le climat, pour pallier l'inaction des autorités.

Groupement des plus grands patrons américains, la Business Roundtable s'est gardée de critiquer aussi frontalement la décision de M. Trump mais elle a toutefois tenu à souligner que les conséquences du changement climatique "étaient potentiellement graves et très étendues".

 

Accroc majeur

Même les grandes majors pétrolières américaines, qui auraient a priori le plus à perdre de la transition énergétique, ont fait entendre leur désapprobation et apporté leur soutien à l'accord de Paris, qui vise à contenir le réchauffement climatique.

ExxonMobil continue ainsi de défendre cet accord signé en 2015 par 195 pays qui constitue "un important pas en avant pour relever le défi mondial de la réduction des émissions", a indiqué un porte-parole à l'AFP. Le numéro un du secteur américain juge également ce compromis "crucial" parce qu'il inclut les grands pays émergents comme la Chine ou l'Inde.

Son rival Chevron campe sur la même ligne et soutient lui aussi un accord qui constitue un "premier pas vers un cadre international" de réduction des émissions, assure à l'AFP une de ses porte-parole, Melissa Ritchie.

Sans surprise, les entreprises du secteur technologique, traditionnellement très engagées sur le climat, ont elles aussi critiqué la décision de M. Trump, assurant qu'elle "scellait un revers pour le leadership américain dans le monde", selon l'expression du Information Technology Industry Center (ITI) qui regroupe notamment Apple, Ebay ou Yahoo.

"Par question de principes, j'ai donné ma démission du conseil du président suite au retrait de l'accord de Paris", a tweeté Bob Iger, le PDG de Disney, claquant la porte du forum des grands patrons de Donald Trump.

La finance n'est pas en reste: Lloyd Blankfein, le PDG de la banque d'affaires Goldman Sachs, s'est servi pour la première fois de son compte Twitter, ouvert en 2011, pour affirmer que "la décision d'aujourd'hui est un revers pour l'environnement et pour le leadership des États-Unis dans le monde". Plusieurs anciens dirigeants de la banque font pourtant maintenant partie de l'équipe économique de Donald Trump.

Après la querelle sur l'immigration, cette levée de boucliers quasi-unanime marque un nouvel accroc dans la lune de miel qui s'était nouée entre Donald Trump et les milieux d'affaires, séduits par la promesse présidentielle de baisses d'impôts massives et de dérégulation.

Mais elle n'est pas tout à fait surprenante. Après avoir pendant des années freiné les négociations sur le réchauffement, les grandes entreprises américaines se sont ainsi lentement converties au combat climatique, dans un souci d'image autant que de rentabilité.

La donne économique a, de fait, radicalement changé. De grands investisseurs se détournent des énergies fossiles et les entreprises sont pressées de toutes parts d'adapter leur modèle de croissance à un monde délesté du carbone

"Les entreprises s'engagent davantage sur le climat sans tenir compte de la décision (de M. Trump) parce que cela leur permet d'économiser de l'argent, de réduire les risques et surtout parce ce que ça leur ouvre des opportunités massives", a affirmé à l'AFP Kevin Moss de l'organisation environnementaliste World Resources Institute.

Le consensus n'est toutefois pas total. Ardent critique des règlementations environnementales de l'ère Obama, le puissant lobby patronal de l'US Chamber of Commerce a ainsi adopté un ton très conciliant après l'annonce du retrait américain.

"Nous avons hâte de travailler avec le président, le Congrès et toutes les parties prenantes pour fournir les innovations et les technologies qui permettront à l'Amérique de remplir ses objectifs environnementaux", a déclaré à l'AFP un porte-parole de ce groupement qui dit représenter 3 millions de grandes entreprises et de PME.

Par Jérémy Tordjman

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