Bucarest: L'approche des élections européennes ne doit pas "paralyser" les réformes de la politique migratoire de l'UE, a exhorté le 7 février le commissaire européen aux migrations Dimitris Avramopoulos au cours d'une réunion des ministres de l'Intérieur des 28 à Bucarest.

Malgré la forte chute du nombre des arrivées sur les côtes européennes par rapport à 2015, les pays européens continuent de se déchirer sur la refonte de leur système d'asile. Et la crainte est diffuse de les voir jouer le statu quo à l'approche du scrutin de fin mai.

"Les prochaines élections ne doivent pas nous paralyser", a estimé M. Avramopoulos. "Au contraire, nous devons unir nos forces pour montrer une forte volonté politique", a-t-il ajouté.

Depuis 2016, la réforme des règles de l'asile bute sur la tentative de modifier le règlement de Dublin. Cette législation fait actuellement peser un fardeau disproportionné sur les pays méditerranéens, en confiant la responsabilité d'une demande d'asile aux pays de première entrée.

Faute de nouvelles règles acceptées par tous, chaque sauvetage de migrants en Méditerranée donne lieu à des bras de fer diplomatiques sur la responsabilité de l'accueil, l'Italie se montrant particulièrement inflexible en fermant ses ports.

"Nous nous ne pouvons plus continuer à compter sur des solutions ad hoc lorsque plusieurs dizaines de migrants sont bloqués sur un bateau au large de nos côtes", a lancé M. Avramopoulos, appelant à cesser "ce jeu qui peut mettre en péril des vies humaines".

En attendant que la réforme du règlement de Dublin soit débloquée, la Commission pousse les pays européens à adopter des "arrangements" provisoires clarifiant les responsabilités de chacun pour le débarquement des demandeurs d'asile secourus.

L'Allemagne et la France ont plaidé pour "un élargissement sensible du cercle" des pays acceptant de partager leur accueil, a déclarer le secrétaire d'Etat allemand Stephan Mayer.

Mais la réunion de jeudi n'a pas permis d'avancées selon une source européenne ayant assisté aux débats à huis clos, marqués par les tensions entre les pays exigeant plus de solidarité et ceux hostiles à tout mécanisme de partage de l'accueil. "Chacun a campé sur ses positions", a expliqué cette source à l'AFP.

Le ministre autrichien de l'Intérieur Herbert Kickl, une figure du parti d'extrême droite FPÖ, a quant à lui préféré "remettre sur la table" sa demande d'une nouvelle règle européenne pour faciliter l'expulsion de demandeurs d'asile et de réfugiés auteurs d'infractions.

"La situation actuelle n'est pas satisfaisante, ça ne peut pas continuer comme ça", a plaidé M. Kickl devant la presse, jugeant que sa demande correspondait à "ce qu'attend la population".

Le commissaire Avramopoulos a rappelé que l'exécutif européen avait proposé une législation prévoyant que les réfugiés perdent leur statut en cas de "crimes particulièrement graves".

Mais "notre politique d'asile doit être conforme aux Conventions de Genève", a-t-il ajouté devant la presse à la fin de la réunion. "Les Etats membres ont une marge d'appréciation des notions de délits ou de crimes graves, mais cela doit toujours se faire dans le plein respect du droit européen et au bout du compte du principe de non-refoulement", a-t-il insisté.

 

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