Paris - Au lendemain d'une présidentielle ayant révélé un pays fracturé et une extrême droite au plus haut, Emmanuel Macron, réélu le 24 avril, est confronté à des défis majeurs pour convaincre des électeurs désabusés ou en colère et remporter une majorité aux législatives de juin, dont la bataille s'annonce acharnée.

Une "réélection sans état de grâce", résume le 25 avril le journal Le Monde, du fait notamment d'une "abstention proche des records et une extrême droite qui dépasse pour la première fois la barre des 40%".

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Le quotidien catholique La Croix juge que la victoire d'Emmanuel Macron - premier président français à être réélu pour un second mandat depuis Jacques Chirac en 2002 - sonne aussi comme un "avertissement".

Le journal évoque une démocratie "plus que jamais en équilibre instable du fait d'un régime présidentiel qui a montré ses limites".

La bataille pour les législatives, les 12 et 19 juin, s'annonce très disputée, alors que la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, qui a gagné environ huit points depuis la présidentielle de 2017, a atteint un score historique avec 41,45% des suffrages.

Malgré ses 58,5% du second tour, Emmanuel Macron, 44 ans, n'apparaît pas en bonne position pour remporter une majorité parlementaire et avoir les mains libres pour mener sa politique.

Il a fait irruption il y a cinq ans dans l'arène politique en surfant sur le délitement des grandes formations traditionnelles. Son parti, La République en marche (LREM), même s'il a conquis la majorité à l'Assemblée nationale en 2017, n'est pas bien implanté sur tout le territoire.

- Une France "polytraumatisée" -

Une partie des électeurs a voté pour ce centriste libéral uniquement pour faire barrage à l'extrême droite. Dès le 24 avril au soir, lors de son premier discours de victoire prononcé devant la Tour Eiffel, M. Macron s'est d'ailleurs adressé à eux, soulignant avoir "conscience que ce vote (l')oblige pour les années à venir".

S'adressant aussi aux électeurs d'extrême droite, il s'est engagé à trouver "une réponse" à leur "colère et désaccords".

La campagne, marquée par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, a montré une forte lassitude démocratique.

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Le quinquennat a été jalonné de crises, des manifestations anti-système du mouvement populaire des "gilets jaunes", à la pandémie.

M. Macron, souvent qualifié de "président des riches", doit innover dans la pratique démocratique, pour "éviter une +giletjaunisation+ de son quinquennat", juge Jean-Marcel Bouguereau, dans le journal La République des Pyrénées.

Car il s'agit là d'une France "polytraumatisée", observe Dominique Diogon du quotidien La Montagne, avec un "grand déclassement qui nourrit un ressentiment explosif".

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La carte des résultats dessine en effet deux France. L'une a voté Emmanuel Macron: les grandes métropoles, les classes moyennes supérieures et les retraités. Et l'autre a choisi Marine Le Pen: plus populaire, se sentant souvent exclue, particulièrement dans le nord-est et le pourtour méditerranéen. Avec plus de 60% de voix, Marine Le Pen a par ailleurs réalisé des scores historiques en outremer.

 

- Associer davantage les Français -

Face à ces profondes divisions, Emmanuel Macron a promis le 24 avril au soir une "méthode refondée" pour gouverner la France.

On "veut aller (...) beaucoup plus fort sur un certain nombre d'enjeux, notamment la question du pouvoir d'achat" et "l'enjeu climatique", a expliqué lundi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. "Cela veut dire (...) inventer une méthode nouvelle qui permet d'associer beaucoup plus largement et beaucoup plus directement les Français dans les décisions qui sont prises".

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Marine Le Pen s'adresse à ses sympathisants après le résultat du second tour de la présidentielle, le 24 avril 2022 au Pavillon d'Armenonville, à Paris
AFP/Christophe Archambault

Face à M. Macron, les deux autres gros blocs politiques se sont déjà lancés dans la bataille.

Mme Le Pen, qui a placé la "priorité nationale" au coeur de son projet, a vu dans son score inédit "une éclatante victoire" et la manifestation du "souhait" des Français d'"un contre-pouvoir fort à Emmanuel Macron".

A l'opposé de l'échiquier politique, le dirigeant de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième au premier tour et fort de ses près de 22%, a fait de ces législatives un "troisième tour".

"Un autre monde est encore possible si vous élisez une majorité de députés de la nouvelle union populaire qui doit s'élargir", a-t-il lancé.

A l'étranger, la réélection de M. Macron constitue un soulagement pour les partenaires de la France, de Berlin à la Commission européenne, en passant par les Etats-Unis de Joe Biden, qui s'est dit "impatient de poursuivre" la coopération avec Paris pour "défendre la démocratie".

Par Lucie Peytermann, avec le pôle politique de l'AFP

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