Pristina (Kosovo) - L'ensemble de l'opposition kosovare a demandé le 13 septembre à l'Union européenne de "rejeter publiquement et clairement" des changements de frontières avec la Serbie qui se feraient sur "une base ethnique".

L'hypothèse d'"ajustements territoriaux" pour régler le conflit entre Belgrade et Pristina, a été évoquée cet été par les présidents kosovar Hashim Thaçi et serbe Aleksandar Vucic, sans préciser leurs modalités exactes.

Les médias locaux font état d'un possible échange entre, d'une part, le nord du Kosovo majoritairement serbe, dans le secteur de la ville divisée de Mitrovica, et d'autre part, un secteur majoritairement albanais du sud de la Serbie, la vallée de Presevo.

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Carte des zones du Kosovo où la population est majoritairement serbe ou albanaise 

Dans une lettre à la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, les responsables de l'opposition kosovare estiment que "de tels projets non seulement déstabiliseraient la région avec des conséquences en chaîne (...), mais seraient aussi impossibles à mettre en oeuvre et feraient naître davantage de conflits gelés dans notre région".

Washington et la diplomatie européenne ont laissé la porte ouverte à des négociations territoriales.

Mais selon ses détracteurs, une telle solution pourrait susciter une série de revendications dans une région fragile, chez les Albanais de Macédoine ou les Serbes de Bosnie notamment.

Par ailleurs, même minoritaires, des Albanais vivent dans le secteur de Mitrovica-nord, et des Serbes résident dans la vallée de Presevo.

Les signataires de la lettre demandent à Federica Mogherini "de rejeter publiquement et clairement toute modification territoriale entre le Kosovo et la Serbie qui se feraient sur une base ethnique".

La lettre a été signée par des responsables d'ordinaire divisés, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), Vetevendosje (Autodétermination, gauche nationaliste), le Parti social démocrate (centre gauche) et Alternativa (libéraux). Ils comptent 58 députés sur 120 (dont 10 représentent la minorité serbe).

Parmi la coalition au pouvoir, l'hostilité à tout échange de territoires est également forte: le Premier ministre Ramush Haradinaj a prévenu qu'il risquerait de conduire à "la guerre".

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Des marchands de rue serbes et albanais vendent fruits et légumes à Presevo, une ville peuplée majoritairement d'Albanais dans le sud de la Serbie. Photo: Armend Nimani/AFP

Le week-end dernier, en visite dans des secteurs majoritairement serbes du Kosovo, Aleksandar Vucic a écarté toute issue rapide, expliquant qu'"aucun projet de solution" n'était sur la table.

Il a également suscité la colère à Pristina en rendant hommage à l'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic, "grand leader serbe".

Celui-ci avait été contraint d'ordonner le retrait des troupes serbes après une campagne occidentale de bombardements, ce qui avait mis fin au conflit contre la guérilla indépendantiste albanaise (1998-99, 13.000 morts).

En 2008, le Kosovo avait déclaré son indépendance. Mais Belgrade ne la reconnaît pas et affirme dans sa Constitution sa tutelle sur son ancienne province albanaise.

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